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  • Photo du rédacteurcoralienicot

"Dialogue entre la peau et le cerveau" : point de vue des neurosciences.

Dernière mise à jour : 5 févr. 2023




Pas facile d'expliquer ce que peut faire le shiatsu quand on nous le demande.



Le shiatsu est reconnu comme médecine au Japon et comme simple pratique bien-être en France : nous ne sommes pas des médicaux. On parle de prévention, de détente profonde, de diminution du stress, et donc potentiellement de diminution de ses conséquences néfastes. Mais tout ça reste vague.


Les praticien-nes sont évidemment convaincu-es des bienfaits du shiatsu, puisque témoins des résultats ; les receveur-ses, convaincu-es et ravi-es aussi. C'est ce qui compte pour nous. Mais un peu de reconnaissance officielle ne fait pas de mal, non ?





Lors du dernier congrès du Syndicat des Professionnels de Shiatsu 2022 (SPS), nous avons eu la chance de recevoir le Professeur Marcel CREST, directeur de recherche émérite en neurosciences au CNRS : il nous a parlé neurobiologie du toucher et neuroanatomie...



Tout d'abord, force est de constater que de plus en plus de revues parlent des bienfaits du toucher et des thérapies complémentaires comme le shiatsu (Cerveau & Psycho, Ça m'intéresse, Le Journal du Dimanche...).


Le nombre d'études scientifiques est aussi en très forte croissance.

Pour l'acupuncture par exemple, c'est plus du double ces dix dernières années, les études avaient déjà doublé sur la décennie précédente, et la courbe d'augmentation globale semble quasi exponentielle.

Et c'est logique ! Les effets secondaires sont presque inexistants comparés à des traitements médicamenteux. Mais surtout – et c'est ce qui nous intéresse ici – on sait aujourd'hui que les points d'acupuncture renferment une forte densité de fibres nerveuses. Les anciens avaient donc compris instinctivement qu'il s'y passait quelque chose d'important.




"La peau parle au cerveau."

L'organe sensoriel préféré des shiatsushi* abrite une extrême diversité de processus : perception de température, plaisir, douleur mécanique ou thermique, toucher précis, prurit... Ce qui expliquerait que notre peau soit – de loin – notre organe sensoriel le plus innervé. (*shiatsushi : "expert ou maître en shiatsu".)


Les fibres nerveuses y ont été identifiées, et concernant les récepteurs et leurs fonctions, la peau renferme encore quelques mystères.

Mais ce qu'on sait, c'est qu'en stimulant la peau on stimule une grande quantité de fibres du système nerveux (un contact direct n'est pas indispensable, ça marche aussi à travers les vêtements #shiatsu). Et ça, c'est super. Je vous explique pourquoi.



Concrètement cela se déroule en 4 étapes :


-> d'abord un influx nerveux (de la peau vers le cerveau)


-> puis une activation des médiateurs au niveau du cerveau


-> ces médiateurs activent le système nerveux sympathique, et parasympathique


-> ce qui a une action sur l'homéostasie, c'est-à-dire le maintien de l'équilibre des systèmes dans le corps, donc la santé.



En activant via la peau les terminaisons sensorielles au niveau du cerveau, on agit sur diverses zones cérébrales : l'hypothalamus, le cervelet, l'insula... Ce qui d'après le professeur Crest a forcément des effets physiologiques. Le cerveau, en bon ordinateur central, communique avec tout le corps.


Partant de là, on peut légitimement supposer une action sur le sang, le cerveau, les systèmes nerveux, lymphatique, la détoxification ou la douleur. Pas mal, non ?


Pour nous, praticien-nes, c'est extrêmement prometteur car cela permettrait d'expliquer la diversité des résultats obtenus en cabinet sur une grande variété de troubles.




Le toucher, facteur d'équilibre interne ET d'équilibre social ?

Mais ce n'est pas tout. Certes, la peau parle au cerveau et en retour le cerveau peut agir sur la peau, le système immunitaire, vasculaire... Les maladies de peau liées au stress illustrent d'ailleurs très bien ce processus.

Outre tous les aspects physiologiques de rééquilibrage des systèmes du corps, le Professeur Crest pointe l'importance de la dimension affective du toucher, ce qui en fait un facteur d'équilibre social. Ce n'est pas rien.


Chez les prématurés, on sait que le toucher permet d'augmenter le poids, de diminuer le stress et les pleurs et d'augmenter la sérotonine, hormone du bien-être.

Une autre étude menée sur plusieurs décennies aux Etats-Unis a montré que les bébés qu'on laissait pleurer sans les prendre dans les bras, grandissaient avec des difficultés d'insertion, de sociabilisation et une plus grande addiction aux drogues.


Les recherches sont encore en cours.

On ne sait pas tout sur la peau. Les récepteurs de la douleur mécanique n'ont pas encore été identifiés, notamment, une découverte attendue avec impatience.

Les recherches sont prometteuses, et il est certain que la peau renferme des trésors qui promettent un bel avenir aux pratiques telles que le shiatsu.


Il n'existe pas vraiment de maladie de la perte du toucher.

Nous sommes tous-tes doué-es de cette capacité du toucher.


Avec une intention positive, n'importe qui peut donner chaleur, bienveillance et réconfort par le toucher. Au Japon, le shiatsu est traditionnellement pratiqué à la maison en famille, y compris avec les enfants qui apprennent très tôt : le parent lui donne un shiatsu, et c'est ainsi que l'enfant apprend et peut à son tour prodiguer les bienfaits du shiatsu au parent.



Heureusement, pas besoin d'avoir appris le shiatsu ou les massages ! Quelques pressions ou frottements dans le dos procurent déjà un grand soulagement.

Une main passée doucement dans le haut du dos en signe de soutien affectif, ou plus vigoureusement dans le bas du dos comme pour donner de la force : ces petits gestes peuvent parler à chacun-e d'entre nous, parce qu'on les a reçus, ou parce qu'ils nous ont manqué.


Je vous encourage vivement à (ré)introduire autant que possible le toucher dans vos relations au quotidien, de manière mutuellement consentie, bien sûr. ;)

Pensez aux free hugs ("câlins gratuits") ! C'est simple, et tellement efficace pour augmenter la production d'ocytocine, une hormone du bonheur.


Ma prescription ? Un "hug" par jour, avec chaque proche que vous voyez.

Mais je ne suis pas médecin. :)





Le shiatsu n'est pas une science exacte, et les études pour évaluer son efficacité peuvent s'avérer difficiles à mener. Il y en a, de plus en plus, je vous en reparlerai dans un prochain article.



À bientôt pour parler shiatsu, prenez soin de vous.



Coralie





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